mercredi, janvier 13, 2010

Le règne du Vajra


Une nouvelle religiosité s’est installée dans notre vie quotidienne. Parfaitement intégrée au consumérisme et à la mentalité utilitaire moderne, elle est présente dans les techniques de développement personnel, la mouvance écologique, les nouvelles thérapies… Elle tire partie des travaux des historiens sur la violence des religions monothéistes.

Le philosophe Michel Onfray, dans son « Traité d’athéologie », rappelle que les trois monothéismes procèdent de la pulsion de mort :

« La religion du Dieu unique travaille à la haine de soi, au mépris de son corps, au discrédit de l’intelligence, à la déconsidération de la chair, à la valorisation de tout ce qui nie la subjectivité épanouie ; projetée contre autrui, elle fomente le mépris, la méchanceté, l’intolérance qui produisent les racismes, la xénophobie, le colonialisme, les guerres, l’injustice sociale. Regarder l’Histoire suffit pour constater la misère et les flots de sang versés au nom du Dieu unique…

Les trois monothéismes, animés par une même pulsion de mort généalogique, partagent une série de mépris identiques : haine de la raison et de l’intelligence ; haine de la liberté ; haine de tous les livres au nom d’un seul ; haine de la vie ; haine de la sexualité, des femmes et du plaisir ; haine du féminin ; haine du corps, des désirs, des pulsions. »

Les agissements des fanatiques musulmans, manipulés depuis le Londonistan (1), les intégristes juifs, les déclarations de Benoît XVI, proclamant «vénérable» Pie XII, le « Pape d’Hitler », font en réalité la promotion de la nouvelle religiosité mondiale qui s’édifie à partir des théories spiritualistes du Nouvel Age et du channeling de Shambhala (Shamballa). Shambhala est au cœur de l’initiation de « Kalachakra » des lamas tibétains.

La nouvelle religiosité et le néo-bouddhisme sont contrôlés par des gourous businessmen qui exigent la soumission de leurs disciples. Il est important de souligner que l’acceptation d’une doctrine religieuse et l’obéissance à un maître sont inconciliables avec la rébellion libératrice du Bouddha. Robert Linssen est formel :

« Le Bouddha n’a jamais eu l’intention de fonder une religion organisée, dont les enseignements sont codifiés. Les bouddhistes estiment qu’un « Eveillé » authentique n’oserait prendre lui-même la responsabilité d’ériger en système dogmatique et codifié une vérité dont il affirme les caractères de liberté et de spontanéité. Le terme « Eveillé », très fréquemment utilisé par les auteurs bouddhistes désigne tout être humain ayant réalisé l’expérience de l’Eveil intérieur, Nirvâna dans le bouddhisme ou Satori dans le Zen. […]

Les spécialistes du Ch’an et du bouddhisme Zen estiment que la codification et la systématisation rigide des enseignements d’un Eveillé n’ont jamais été faites par lui-même mais par ses disciples. La peur, la recherche d’une sécurité facile, l’inertie mentale et le culte de l’autorité sont les facteurs dominants de la déification progressive du maître. Peu à peu, celui qui n’était qu’un homme parfaitement naturel acquiert des dons surnaturels et devient un Dieu. Le processus de la déification du maître s’amplifie au cours des âges, l’importance que s’accordent les disciples étant à la mesure de celle qu’ils accordent au maître.

Les formes évoluées du bouddhisme, le Ch’an et le Zen ont réagi contre ces tendances non conformes à la sagesse du « Juste milieu » énoncée par le Bouddha. Ce dernier ne disait-il pas constamment à ses disciples qu’ils devaient être
leur propre lampe ? »

Le spiritualisme moderne s’adresse à des adeptes pointilleux, routiniers, obstinés qui planifient et financent le développement de leurs potentialités cérébrales selon le modèle de l’Eglise de Scientologie. Ces adeptes se plient à de nombreuses règles de conduite et commandements à l’instar des adeptes du Vajrayana. Sofia Stril-Rever a traduit en français un guide de l’initiation de Kalachakra (2) où l’on réprouve sévèrement le non respect des préceptes abscons du bouddhisme tantrique :

« Au risque de ma vie, je me garderai des quatorze fautes racines (mépriser et dénigrer le gourou, dédaigner les préceptes, dénigrer les enseignements des véhicules du Soutra et du Mantra…). D’après les adeptes du kalachakra, désobéir au gourou est une faute aussi grave que d’éjaculer ou de pratiquer l’union avec un(e) partenaire non qualifié(e). Le contrôle de la sexualité est une forme de castration imposée aux esclaves volontaires des maîtres du Kalachakra.

Les spiritualistes, qui affectionnent les enseignements et les initiations conçues selon le modèle du Vajrayana, démontrent que la dictature totale ne peut être qu’une dictature religieuse.

(1) Londonistan http://www.solidariteetprogres.org/article6213.html
(2) « Kalachakra, guide de l’initiation et du guru yoga », enseignements de Sa Sainteté le Dalaï-lama et de Jhado Tulku rinpoché, Desclée de Brouwer.


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Stéphane Guillon : « Ne tirez plus sur Bachelot ».
http://bouddhanar-9.blogspot.com/2010/01/grippe-a-comme-arnaque.html

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