samedi, juin 07, 2008

L'homosexualité et le dalaï-lama

L'adjoint au maire socialiste de Paris chargé de la culture, Christophe Girard, juge le dalaï-lama "particulièrement réactionnaire", dans un entretien au Journal du Dimanche :

"Le dalaï-lama est à mes yeux, comme Benoît XVI, particulièrement réactionnaire. Ce sont des hommes avec des règles et des principes, des dogmes, voire des doctrines. D'où leur rigidité envers des sujets tels que la contraception et l'homoparentalité", explique-t-il.

Le dalaï-lama et son collègue le pape ont été touché, peut-être par la grâce divine mais plus sûrement, par l’idéologie nazie. Une enfance conditionnée par les jeunesses hitlériennes a laissé des traces dans l'esprit de Benoît XVI. De même, Heinrich Harrer, l’inquiétant précepteur SS du Dalaï XIV a certainement inculqué les certitudes des seigneurs du monde au jeune apprenti gourou tibétain. Parmi les exécrations des grands prédateurs temporels ou spirituels, l’homophobie est courante.

Les déclarations du dalaï-lama sur l’homosexualité révèlent de vulgaires préjugés humains. Elles ne sont pas l’expression de profondes vérités spirituelles. Il est vrai que d'antiques courants mystiques valorisaient l’homosexualité. Elle était perçue comme une aptitude à la prêtrise ou au statut de chaman.

L’Inde a préservé l’éternelle tradition spirituelle, le Sanatana Dharma, qui ne condamne ni l’homosexualité ni la bisexualité :

"Parce qu’il évoque l’androgyne primordial, écrit Alain Daniélou, tout être au sexe ambigu a un caractère sacré, qu’il soit physiquement, ou seulement d’instinct, intersexuel. L’homosexuel porte bonheur, il a un rôle magique dans les rites. Ce côté magique de l’intersexualité se retrouve dans toutes les civilisations anciennes. Tout être bisexuel peut être considéré comme une émanation de l’aspect transcendant du dieu. L’androgyne, l’homosexuel, le travesti ont une valeur de symbole et on les considère comme des êtres privilégiés, images de l’Adharnarîshvara. Ils jouent à ce titre un rôle spécial dans les rites tantriques et magiques comme dans le chamanisme.

En Inde, encore aujourd’hui, la présence d’un prostitué travesti est de bon augure spécialement lors des cérémonies du mariage. " Le but final du tantrisme est de réunir les deux principes polaires Shiva et Shakti dans nos propres corps […]. L’androgynie initiatique n’est pas toujours signifiée par une opération comme chez les Australiens. Dans beaucoup de cas, elle est suggérée par le travestissement des garçons en jeunes filles et vice versa des filles en garçons […]. Les pratiques homosexuelles, attestées dans diverses initiations, s’expliquent probablement par une croyance similaire, à savoir que les néophytes, pendant leur instruction initiatique, cumulent les deux sexes. " (M. Eliade) Le pouvoir divinatoire est lié chez les chamans à la bisexualité.

Les textes concernant les rites de procréation tels que le Shiva Svarodaya expliquent comment donner naissance à un enfant mâle, femelle, neutre. C’est parmi les individus marqués du sceau de l’androgyne, que leur nature n’incline pas à la procréation, que se recrutent un grand nombre de moines errants qui transmettent les pouvoirs magiques. Se plaçant hors castes, ils sont un lien entre les différents niveaux de la société. Ces moines ont souvent un compagnon disciple, amant et serviteur, qui les accompagne.

Certains mystiques cherchent à s’unir au dieu qu’ils vénèrent en devenant femme, s’habillant et vivant comme des femmes. C’était le cas, au début du 20ème siècle, de Râmakrishna, dont est issu l’ordre religieux qui porte son nom.

Dans la société traditionnelle, les pratiques sexuelles entre jeunes gens, que l’on appelle "amitiés de caleçon " (langâ dost en hindi), sont considérés avec bienveillance. Des pratiques de purification sont prévues, comme après tout acte sexuel.

Dans la littérature ancienne, les groupes de prostitués travestis, réunis autour d’un Guru, avaient une place reconnue dans la société. Des prostitués travestis se rencontrent toujours dans la plupart des villages indiens. Ils sont à la fois un objet de mépris et de respect. Dans les spectacles populaires du Râmalîlâ et du Krishnalîlâ ce sont eux qui, traditionnellement, représentent déesses et bergères.

Du point de vue du Shivaïsme, l’homosexualité apparaît comme une constante observable dans toute société. Elle fait partie de la réalité du créé et est donc une manifestation d’un aspect du divin. Evoquant l’androgynie divine elle peut devenir un sâdhana, une méthode de réalisation spirituelle. Par contre du point de vue de la morale sociale dérivée du jaïnisme, l’homosexualité apparaît comme une déviance. Ce contraste s’est perpétué dans la société indienne jusqu’à nos jours. L’Inde est à la fois le pays du Kâma sûtra, des sculptures érotiques dans les temples et celui du puritanisme le plus exacerbé. Les envahisseurs récents, musulmans puis britanniques, ont considérablement accentué ce dernier aspect.

Dans la société actuelle, malgré l’extrême puritanisme affiché par la classe anglicisée dirigeante, les pratiques homosexuelles ne présentent traditionnellement aucun problème si ce n’est, pour les individus ayant des fonctions sacerdotales, l’interdiction rituelle de pratiques buccales. Et, pour tous, des nécessités de purification avant et après tout acte sont obligatoires, ce que des étrangers ne comprennent pas toujours."

Alain Danièlou "Shivaïsme et Tradition primordiale", éditions Kailash.
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